La formation EPL

La formation d’un EPL se déroule en 5 phases débutant par la préparation de l’ATPL théorique et finissant par l’apprentissage du travail en équipage.

A couple EPL students preparing their flight bags on the wing of a TB20

L’ATPL théorique

Après les joies de la sélection, et les premières sensations de vol du stage planeur organisé par l’AGEPAC avant de débuter la formation, il est temps de retourner une dernière fois sur les chaises d’étudiant. Avant de monter dans un avion de l’ENAC, il faut acquérir toutes les connaissances nécessaires au pilote, et plus encore. Apprendre la navigation, le droit aérien, la météo, le fonctionnement d’un moteur etc, c’est l’objectif de l’ATPL théorique que nous passons en 10 mois à Toulouse.

Avec l’aide d’une vingtaine de professeurs tous spécialistes de leur domaine, du pilote de chasse au chef de tour de contrôle parisien en passant par les pilotes Air France de long courrier, les élèves pilotes affinent leurs connaissances dans les 14 domaines de l’ATPL bien au-delà des simples exigences de l’examen.

En parallèle, les EPL commencent à toucher du doigt les enjeux pratiques de leur métier avec des préparations de vol et des séances de simulateur de pilotage, de l’avion léger à l’A320 en passant par l’ATR 42. La formation sur le campus toulousain de l’ENAC permet aussi de comprendre les contraintes des autres acteurs du monde aéronautique opérationnel grâce à la cohabitation avec les ingénieurs, techniciens et contrôleurs, et la formation EPL inclut d’ailleurs diverses simulations de contrôle, des visites d’ateliers de mécanique et de chaîne d’assemblage d’avions de ligne.

La phase de vol à vue

Une fois les certificats théoriques en poche, les EPL sont divisés en groupes réduits pour partir dans leurs centres de formation pratique respectifs.

TB20 aircraft lined up on airfield apron

Module maniabilité

La formation commence par l’apprentissage de la “mania” : il se décompose en 2 parties sur 2 avions différents. Les élèves pilotes commencent par le Velis Electro, un avion léger entièrement électrique sur lequel ils apprennent à décoller, atterrir, monter, descendre, virer, réagir en cas de panne, de décrochage… C’est là qu’on apprend réellement à “piloter” l’avion, et à communiquer avec les services de contrôle aérien en une dizaine d’heures.

Une fois les bases du pilotage acquises sur le Velis, les EPL doivent reproduire tous les exercices vus précédemment sur le TB20, un avion beaucoup plus lourd, puissant, rapide et complexe. C’est sur cet avion que se déroule la majorité de la formation des élèves pilotes de l’ENAC et ils doivent donc maîtriser son pilotage sur le bout des doigts en une trentaine d’heures.

An EPL getting splashed by his classmates following his first solo flight

C’est d’autant plus crucial étant donné que les EPL vont être “lâchés” durant cette phase : pour la première fois ils vont voler seuls, sous l’œil attentif de leur instructeur au sol, ils devront ramener l’avion par eux-mêmes grâce à leurs seules compétences.

Module Advanced UPRT

L’Upset Prevention and Recovery Training avancé est la phase la plus courte de la formation, mais n’en est pas moins importante.

A CAP 10 aircraft starting up

C’est au cours de 3h de vols sur le CAP10, un avion français sur lequel se sont formés de nombreux pilotes de voltige, que les EPL découvrent les positions inusuelles avancées telles que les vrilles, et surtout comment en sortir et éviter d’y entrer. C’est aussi l’occasion d’affiner son pilotage en profitant de la technicité du train classique, et en effectuant des figures de voltige de base comme la boucle ou le baquet.

Module navigation

Maintenant que les EPL savent piloter un avion complexe, gérer les pannes et pertes de contrôle et communiquer en fréquence, il faut apprendre la navigation. Aller d’un point A à un point B, c'est le cœur du métier de pilote de ligne, et cela implique tout un lot de compétences. Les élèves pilotes vont d’abord se familiariser avec la préparation et la conduite d’un vol à la carte, à gérer leur carburant, corriger le temps de vol en tenant compte du vent, du trafic, et de toutes les contraintes liées à l’espace aérien complexe dans lequel ils évoluent.

An EPL student in the cockpit reviewing his VFR map during a navigation flight

À la navigation de base vont ensuite s’ajouter l’utilisation des systèmes comme le GPS ou le pilote automatique, les aérodromes à forte densité de trafic, puis les exercices face à l’imprévu lorsqu’on est loin de son aérodrome d’origine : les pannes en campagne et déroutements vont améliorer la réactivité et la prise de décision des EPL avant qu’ils ne partent seuls en navigation pour une petite vingtaine d’heures de navigations en solo au dessus de parties inconnues du territoire. Au total, plus de cinquante heures de navigation VFR seront effectuées par chaque EPL avant de passer au vol aux instruments.

La phase IRSE

Avoir la tête dans les nuages, c’est bien, en faire son métier c’est mieux. Désormais à l’aise avec le pilotage, il est temps pour les EPL de faire un premier pas dans le monde professionnel, là où les pilotes n’attendent pas les tempêtes de ciel bleu pour décoller. Mais pas de panique ! Avant de se lancer pour de bon, passage au simulateur obligatoire pour appréhender les subtilités du vol aux instruments sur une réplique de cockpit du TB20.

Les élèves pilotes se familiarisent avec les cartes et les procédures utilisées par les pilotes en compagnie aérienne et apprennent à naviguer sans repères visuels. Avec 25 heures de simu (dont une heure d’évaluation), les EPL ont l’expérience pour partir un peu partout et par (presque) toutes les conditions météorologiques.

Pendant 40h, ils sillonnent la France et en profitent pour s’habituer à parler anglais à la radio. Comme d’habitude, un test vient valider les compétences acquises.

Et tant qu’à faire, un pilote sachant travailler par visibilité réduite peut bien travailler de nuit, non ? Dans une atmosphère incomparable, les élèves réalisent 5 heures de vol nocturne, découvrant ainsi les joies des horaires décalés mais surtout la magie nouvelle d’un ciel étoilé.

View from inside TB20 cockpit with instrument training curtain pulled

La phase CPL

Retour au vol à vue. Eh oui, être pilote c’est savoir s’adapter ! Forts de leur expérience (désormais conséquente) sur TB20, les élèves pilotes repartent en navigations plus classiques. Mais cette fois, il n’est plus vraiment question d’apprendre à piloter ou à se repérer.

Non, cette phase vise à renforcer le professionnalisme de futurs commandants de bord. Chaque vol est l’occasion de réviser ou faire pour la première fois des exercices : des pannes, des déroutements, souvent les deux en même temps, pour préparer l’examen du CPL (Commercial Pilot Licence) et aiguiser l’une des compétences clés d’un pilote professionnel : la prise de décision.

C’est aussi l’occasion pour les EPL, plus expérimentés que jamais, de repartir en solo et réaliser des navigations plus ambitieuses, dont une de minimum 300 NM (environ 550 km). Une phase courte mais riche en émotions et en souvenirs, ponctuée par le passage du CPL, premier examen officiel, avec à la clé la première licence professionnelle.

A TB20 seen landing on a runway

La phase IRME

Les EPL ont à présent fait le tour du TB20 et s’attaquent à plus gros, plus lourd, plus rapide. Sur le Beechcraft Baron 58, ils expérimentent le vol sur bimoteur tout en revenant au vol aux instruments.

Là encore, un passage de 15 heures sur simulateur permet de se rafraîchir la mémoire sur les procédures IFR (Instrument Flight Rules), et assimiler le pilotage d’un nouvel avion, doté d’une avionique ultra moderne Garmin G500 TXi. Après un examen en simulateur, les élèves peuvent enfin décoller, avec cette fois deux moteurs et donc deux fois plus de manettes à manipuler.

En se formant aux pannes moteurs pendant toutes les phases du vol, ils apprennent à gérer des situations de propulsion asymétrique et font un pas de plus vers l’aviation commerciale.

La QC MEP (qualification de classe multimoteur à pistons) et l’IRME (qualification de vol aux instruments sur multimoteur) sont deux examens officiels qui viennent clôturer cette phase de 30 heures, au cours de laquelle les EPL mettent à profit les capacités de cet avion exceptionnel pour s’évader encore plus loin.

La phase MCC/JOC

Souvent considérée comme la phase la plus intéressante de la formation, la MCC parachève la formation EPL : transformant les élèves pilotes compétents sur avions monopilotes en pilotes de ligne capable de travailler en équipage.

En effet, les avions commerciaux, plus grands, plus rapides, plus complexes, nécessitent la coopération de deux pilotes, qui ont des parcours différents et qui bien souvent ne se connaissent préalablement pas. La dernière étape de formation pour un EPL est donc de se former aux techniques de vol en équipage au cours d’un stage MCC/JOC (Multi-Crew Cooperation / Jet Orientation Course), qui lui permettra de s’intégrer parfaitement dans n’importe quel cockpit.

Pour cela, retour à Toulouse sur le campus principal de l’ENAC, et c’est sur un simulateur Airbus A320 certifié que se déroulent les 60 heures de cette phase. Assis un coup à droite, un coup à gauche, les élèves pilotes alternent en binôme les différentes fonctions d’un pilote en équipage tout en découvrant le pilotage d’un avion commercial répandu dans le monde entier.

En excédant largement les exigences horaires réglementaires de ce stage, l’ENAC assure aux EPL une préparation optimale aux défis présentés par le transport aérien commercial.

A couple of EPL students smiling at the camera from their seats in the A320 simulator

Et voilà, c’est fini. Ou plutôt : tout commence.

À ce stade, chaque EPL a déjà des milliers de choses à raconter, mais il lui reste encore à prendre son envol et construire sa propre histoire.